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17/03/2025

fête de Saint Patrick

 

Saint-patrick

Nous le fêtons à grands flots ce jour,

Né vers 385 en Bretagne insulaire,

Père diacre, prêtre grand-père,

Grand-mère de Touraine, simples du bourg,

Patrick enlevé par des pirates irlandais,

Vendu ensuite comme esclave, déféré en Mayo,

Devient durant sa capture, chrétien dévôt,

Puis s'échappe en Angleterre, ordonné prêtre,

Retrouve sa famille mais sujet à visions et voix,

Gagne Lérins puis Saint-Honorat, à Saint-Germain, évêque,

Retourne alors évangéliser la verte Erin,

Enseigne, construit églises, monastères, écoles,

Sermont du Rock de Castel, trèfle de triades, Sinn,

Padraig chasse alors tous les serpents horticoles,

Conversion du peuple irlandais puis de retrait à Downpatrick,

Meurt le 17 mars 461, enterré aux côtés de deux saints :

Brigitte et Columcille, patrons consacrés itou de l'Eire, criques,

Faed Fiada, canon de Saint-Patrick, clameur du cri du daim

Parcours d'un canonisé par-delà douze périls, expériences mystiques,

Qui de nos jours galvanise les piliers à descendre de guiness, la barrique.

   

Sylvie Erwan 

01/03/2025

L'inexorable glissage des ans

L'inexorable glissage des ans


Quand nous étions enfants

Nous étions si pressés

De faire partie des « grands »

Et puis c'est arrivé.


A quinze ans, nous rêvons

A un bel avenir,

Au futur garçon

Qui nous fera sourire.


Encore dans les langes,

La tête dans les nues.

Innocentes comme un ange,

Fières de nos attributs.


Puis arrivent les vingt ans,

Nous nous trouvons très vieilles,

Majeures depuis longtemps,

Toujours fraîches au réveil.


A trente ans tout est dit,

Enfin, nous le croyons.

Les enfants, le mari,

Le boulot, la maison.


Nous ne touchons pas terre,

Entre toutes nos tâches.

C'est pas une mince affaire,

On fait tout à l'arrache.


Pas le temps de penser,

Notre look, on s'en fiche.

Difficile de gérer,

On court, parfois on glisse.


Les enfants ont grandi,

Nous avons quarante ans.

On pense: quelle belle vie,

Qu'elle dure longtemps !


Un beau jour par hasard,

Tout en se regardant

La tête dans le miroir,

Une angoisse nous prend.


Seigneur, j'ai plein de rides !

Des cernes sous les yeux !

Constatation morbide:

On a pris un coup de vieux.


Le mascara s'étale,

Le blush ne suffit plus.

Notre beauté détale,

Nous ne comprenons plus.


Ai-je assez mis de crème ?

Devrais-je en rajouter ?

Nous nous croyions indemnes,

Mais nous avons morflé.


Lorsque nous rencontrons,

Nos anciennes amies,

Soyons franches, nous trouvons

Qu'elles sont décaties.


Et pourtant, et pourtant,

La vérité est là:

Nous avons cinquante ans,

Nous aussi. Et voilà !


Nos enfants sont partis,

Ne reste que le chat

Dans les bras du mari

Attendant leur repas.


Miroir, mon beau miroir,

Qu'as-tu fait de ma vie ¿

Il faut garder l'espoir,

Croire en la chirurgie.


Je plaisante, bien sûr

Car il n'est pas question

Que mes enfants murmurent

Que je deviens très con.


Et puis, pffft, après tout,

Rien d'extraordinaire,

Il y a un temps pour tout,

C'est chouette d'être grand-mère !


Poème de Nina

 

   

24/01/2025

MON ÂME EST PRESSÉE



MON ÂME EST PRESSÉE

J’ai compté mes années et découvert que j’ai moins de temps à vivre devant moi que 

derrière moi.

Je me sens comme cet enfant qui a reçu un paquet de bonbons : il a savouré les premiers 

avec insouciance, mais, lors qu’il a réalisé qu’ils étaient peu nombreux, il a commencé à les 

goûter avec une intensité nouvelle.

Je n’ai plus de temps à perdre avec des gens absurdes, ceux qui, malgré leur âge, n’ont pas 

mûri.

Mon temps est trop précieux pour débattre de titres ou de futilités. Je cherche l’essence, car 

mon âme est pressée, et il reste peu de douceurs dans mon paquet…

Je veux vivre aux côtés de personnes profondément humaines, celles qui savent rire de 

leurs erreurs, qui ne se gonflent pas d’orgueil face à leurs triomphes, et qui ne fuient pas 

leurs responsabilités.

Je veux marcher avec celles et ceux qui défendent la dignité humaine, qui s’attachent à la 

vérité et à l’honnêteté.

L’essentiel, voilà ce qui donne un sens à la vie, ce qui la rend belle et précieuse.

Je veux m’entourer de personnes capables de toucher le cœur, de celles dont les épreuves 

ont adouci l’âme au lieu de l’endurcir.

Oui, j’ai hâte. J’ai hâte de vivre avec l’intensité que seule la maturité peut offrir.

Je ne veux pas gaspiller une seule des douceurs qu’il me reste. Je sais qu’elles seront encore 

plus exquises que celles que j’ai goûtées jusqu’à présent.

Mon but est d’atteindre la fin en paix, le cœur serein, entouré des êtres que j’aime et en 

harmonie avec ma conscience.

On dit que nous avons deux vies, et que la seconde commence lorsque l’on comprend que 

nous n’en avons qu’une.

Je suis dans ma seconde vie.

Je n’ai plus le temps que pour le bonheur.

-Mario de Andrade. (The valuable time of maturity.)

Sylvie Erwan

12/09/2024

À Ninon

ETE 23

ETE 23

À Ninon

Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
L’amour, vous le savez, cause une peine extrême ;
C’est un mal sans pitié que vous plaignez vous-même ;
Peut-être cependant que vous m’en puniriez.

Si je vous le disais, que six mois de silence
Cachent de longs tourments et des voeux insensés :
Ninon, vous êtes fine, et votre insouciance
Se plaît, comme une fée, à deviner d’avance ;
Vous me répondriez peut-être : Je le sais.

Si je vous le disais, qu’une douce folie
A fait de moi votre ombre, et m’attache à vos pas :
Un petit air de doute et de mélancolie,
Vous le savez, Ninon, vous rend bien plus jolie ;
Peut-être diriez-vous que vous n’y croyez pas.

Si je vous le disais, que j’emporte dans l’âme
Jusques aux moindres mots de nos propos du soir :
Un regard offensé, vous le savez, madame,
Change deux yeux d’azur en deux éclairs de flamme ;
Vous me défendriez peut-être de vous voir.

Si je vous le disais, que chaque nuit je veille,
Que chaque jour je pleure et je prie à genoux ;
Ninon, quand vous riez, vous savez qu’une abeille
Prendrait pour une fleur votre bouche vermeille ;
Si je vous le disais, peut-être en ririez-vous.

Mais vous ne saurez rien. – Je viens, sans rien en dire,
M’asseoir sous votre lampe et causer avec vous ;
Votre voix, je l’entends ; votre air, je le respire ;
Et vous pouvez douter, deviner et sourire,
Vos yeux ne verront pas de quoi m’être moins doux.

Je récolte en secret des fleurs mystérieuses :
Le soir, derrière vous, j’écoute au piano
Chanter sur le clavier vos mains harmonieuses,
Et, dans les tourbillons de nos valses joyeuses,
Je vous sens, dans mes bras, plier comme un roseau.

La nuit, quand de si loin le monde nous sépare,
Quand je rentre chez moi pour tirer mes verrous,
De mille souvenirs en jaloux je m’empare ;
Et là, seul devant Dieu, plein d’une joie avare,
J’ouvre, comme un trésor, mon cœur tout plein de vous.

J’aime, et je sais répondre avec indifférence ;
J’aime, et rien ne le dit ; j’aime, et seul je le sais ;
Et mon secret m’est cher, et chère ma souffrance ;
Et j’ai fait le serment d’aimer sans espérance,
Mais non pas sans bonheur ; – je vous vois, c’est assez.

Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême,
De mourir dans vos bras et de vivre à vos pieds.
Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même…
Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?

Alfred de Musset

 

La mort du chien

ETE 24

  ETE 24

La mort du chien

Un groupe tout à l’heure était là sur la grève,
Regardant quelque chose à terre : « Un chien qui crève ! »
M’ont crié des enfants ; voilà tout ce que c’est !
Et j’ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait.

L’océan lui jetait l’écume de ses lames.
« Voilà trois jours qu’il est ainsi », disaient les femmes.
« On a beau lui parler, il n’ouvre pas les yeux »
« Son maître est un marin absent », disait un vieux.

Un pilote, passant la tête à la fenêtre,
A repris : « le chien meurt de ne plus voir son maître!
Justement le bateau vient d’entrer dans le port.
Le maître va venir, mais le chien sera mort! »

Je me suis arrêté près de la triste bête,
qui, sourde, ne bougeant ni le corps ni la tête,
Les yeux fermés, semblait morte sur le pavé.
Comme le soir tombait, le maître est arrivé,

Vieux lui même, et, hâtant son pas que l’âge casse,
A murmuré le nom de son chien à voix basse.
Alors, rouvrant ses yeux pleins d’ombre, extenué,
Le chien a regardé son maître, a remué

Une dernière fois sa pauvre vieille queue,
Puis est mort. C’était l’heure où, sous la voûte bleue,
Comme un flambeau qui sort d’un gouffre, Vénus luit ;
Et j’ai dit : « D’où vient l’astre ? où va le chien ? ô nuit ! »

Victor Hugo « Les Quatre Vents de l’esprit », 1881

 

Forêts en flammes : agir, et urgemment, Monsieur le Président !

Kit homme 10 bis

 Kit homme 10 bis
Forêts en flammes : agir, et urgemment, Monsieur le Président !

Et les feux dévorants
continueront demain,
Président, il est temps
d’agir, d’agir, enfin !

Non pas dans cinquante ans,
pas même dans cinq ans
ni même dans un  an,
mais immédiatement.

C’est la France, en premier,
la France qu’il faut sauver,
la France calcinée
par d énormes brasiers.

 Il faut sauver la France,
la belle et douce France
de sa désespérance.

Président, décidez
sans attendre, agisse,.
sans attendre Bruxelles
volez donc de vos ailes,
Monsieur le Président,

Voyez ces lapinous,
lapinous blancs ou roux,
courant à qui mieux mieux
pour échapper au feu.

Mais, le feu il est là,
il enflamme ses proies
pauvres bébés lapins
pour vous, quelle triste fin !

Vous aimiez gambader
en recherchant du thym
dans la forêt d’été
qui était votre abri,
pauvres bébés chéris
qui hurlez de douleur
et qui allez périr
dans un très grand souffrir !
 
Mon Dieu, que de malheur
parmi les animaux
qui portent sur leur dos
le poids de l’insouciance
des Humains sans conscience,
de tous ces politiques
qui n’ont rien de magique
et qui, au fond, s’en foutent,
quand est finie leur joute !
 
Et moi, oui moi, j’entends
venus de l’océan
cris de douleur et de tourments,
cris silencieux mais que j’entends
des arbres tutélaires,
attachés à leur Terre
et ne pouvant s’enfuir,
mon Dieu oh, quel souffrit !

Et moi, oui, moi, j’entends
Ces cris d’effroi et de tourment
des animaux en flammes.

Voici, mon cœur de femme
brûle d’un feu de révolte,
bat à cent mille volts;
devant tant de laxisme,
de ce dit « politisme ».

Et moi, oui moi, je souffre,
et sens très fort l’odeur de soufre
du fa causant tant de malheurs.

Combien, dis-moi, combien
-dis-le très fort, prononce bien-
d’animaux sont-ils morts, depuis
le premier jour des incendies ?

Pas de victimes à déplorer,
pas de raison de s'inquiéter !
déclarent les médias, honte à vous !
de qui, de qui vous foutez-vous ?

Et moi, je crie, et moi je pleure
sur ce gâchis, sur ce malheur,
j’entends ces cris, j’entends ces pleurs
cris de détresse et de tourments.

Et vous, oui, vous, Monsieur le Président,
et vous, oui, vous, les entendez-vous ?

 Et qui n’aurait pitié
de ces gens expulsés ?
Oui, partis de chez eux
pour échapper au feu,
devant laisser, sur place,
leurs animaux, hélas !

Oui, tous en ont chagrin,
Dieu, quel sombre destin
pour leurs chats, pour leurs chiens,
qui vont mourir de faim,
de soif, assurément,
Monsieur le Président.

Oh, douleur pour ces gens,
et tant, tant de souffrir
pour ces bêtes qu’ils aiment,
et, même ce poème
ne pourrait consoler
leur cœur si dévasté
d’être ainsi obligé
de les abandonner
ces animaux qu'ils aiment.
mais, bientôt, vont mourir..

Je veux, dans ce poème,
dire ma compassion
et ma vive émotion
à ces gens sinistrés,
mon Dieu, ayez pitié !

Président, agissez,
avec vélocité !

Non pas dans cinquante ans,
pas même dans cinq ans,
ni même dans un  an,
mais immédiatement.

Agissez, agissez,
avec rapidité,
pour que tous nos pompiers
combattant les brasiers,
tous ces soldats du feu,
ces hommes courageux,
disposent de moyens
-Ils le méritent bien-,
étant à la hauteur
de leur juste valeur.

Et vous, les magistrats,
appliquez-donc la loi
avec que fermeté.
Ne soyez pas laxistes
et nettoyez les pistes,
donnez un tour de vis
pour une vraie justice.

Président, écoutez
la voix de nos pompiers,
nos soldats valeureux,
eux qui font face aux feux
tout en risquant leur vie,
Président, oui, merci !

Anélise, Briançon, le 24 juillet 2022. Ce poème, qui a pris quelques libertés concernant la

versification, figurera dans "Combat", l’un des douze recueils, inédits à ce jour, de

"Messages".

Sylvie Erwan 

07/09/2024

En débarquant à Mytilène

Kit 15

Kit 15


En débarquant à Mytilène

Du fond de mon passé, je retourne vers toi,
Mytilène, à travers les siècles disparates,
T’apportant ma ferveur, ma jeunesse et ma foi,
Et mon amour, ainsi qu’un présent d’aromates,
Mytilène, à travers les siècles disparates,
Du fond de mon passé, je retourne vers toi.

Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes,
Et ton azur où je me fonds et me dissous,
Tes barques, et tes monts avec leurs nobles lignes,
Tes cigales aux cris exaspérés et fous,
Sous ton azur, où je me fonds et me dissous,
Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes.

Reçois dans tes vergers un couple féminin,
Île mélodieuse et propice aux caresses,
Parmi l’asiatique odeur du lourd jasmin,
Tu n’as point oublié Psappha ni ses maîtresses,
Ile mélodieuse et propice aux caresses,
Reçois dans tes vergers un couple féminin.

Lesbos aux flancs dorés, rends-nous notre âme antique,
Ressuscite pour nous les lyres et les voix,
Et les rires anciens, et l’ancienne musique
Qui rendit si poignants les baisers d’autrefois,
Toi qui gardes l’écho des lyres et des voix,
Lesbos aux flancs dorés, rends-nous notre âme antique,

Évoque les péplos ondoyant dans le soir,
Les lueurs blondes et rousses des chevelures,
La coupe d’or et les colliers et le miroir,
Et la fleur d’hyacinthe et les faibles murmures,
Évoque la clarté des belles chevelures
Et les légers péplos qui passaient, dans le soir,

Quand, disposant leurs corps sur tes lits d’algues sèches,
Les amantes jetaient des mots las et brisés,
Tu mêlais tes odeurs de roses et de pêches
Aux longs chuchotements qui suivent les baisers,
À notre tour, jetant des mots las et brisés,
Nous disposons nos corps sur tes lits d’algues sèches,

Mythilène, parure et splendeur de la mer,
Comme elle versatile et comme elle éternelle,
Sois l’autel aujourd’hui des ivresses d’hier,
Puisque Psappha couchait avec une immortelle,
Accueille-nous avec bonté, pour l’amour d’elle,
Mytilène, parure et splendeur de la mer !

Renée Vivien, A l’heure des mains jointes

 

Sylvie Erwan 

À l’Amie

Kit 16

 Kit 16

À l’Amie

Dans tes yeux les clartés trop brutales s’émoussent.
Ton front lisse, pareil à l’éclatant vélin,
Que l’écarlate et l’or de l’image éclaboussent,
Brûle de reflets roux ton regard opalin.
Ton visage a pour moi le charme des fleurs mortes,
Et le souffle appauvri des lys que tu m’apportes
Monte vers tes langueurs du soleil au déclin.

Fuyons, Sérénité de mes heures meurtries,
Au fond du crépuscule infructueux et las.
Dans l’enveloppement des vapeurs attendries,
Dans le soir énerve, je te dirai très bas.
Ce que fut la beauté de la Maîtresse unique…
Ah ! cet âpre parfum, cette amère musique
Des bonheurs accablés qui ne reviendront pas !

Ainsi nous troublerons longtemps la paix des cendres.
Je te dirai des mots de passion, et toi,
Le rêve ailleurs, longtemps, de tes vagues yeux tendres,
Tu suivras ton passé de souffrance et d’effroi.
Ta voix aura le chant des lentes litanies
Où sanglote l’écho des plaintes infinies,
Et ton âme, l’essor douloureux de la Foi.

Renée Vivien, Études et Préludes

Sylvie Erwan 

À une Femme

Kit 5

Kit 5


À une Femme

Tendre à qui te lapide et mortelle à qui t’aime,
Faisant de l’attitude un frisson de poème,
O Femme dont la grâce enfantine et suprême
Triomphe dans la fange et les pleurs et le sang,

Tu n’aimes que la main qui meurtrit ta faiblesse,
La parole qui trompe et le baiser qui blesse,
L’antique préjugé qui meurt avec noblesse
Et le désir d’un jour qui sourit en passant.

Férocité passive, âme légère et douce,
Pour t’attirer, il faut que le geste repousse :
Ta chair inerte appelle, en râlant, la secousse
Et l’effort sans beauté du mâle triomphant.

Esclave du hasard, des choses et de l’heure,
Être ondoyant, en qui rien de vrai ne demeure,
Tu n’accueilles jamais la passion qui pleure
Ni l’amour qui languit sous ton regard d’enfant.

Le baume du banal et le fard du factice,
L’absurdité des lois, la vanité du vice
Et l’amant dont l’orgueil contente ton caprice,
Suffisent à ton cœur sans rêve et sans espoir.

Jamais tu ne t’éprends de la grâce d’un songe,
D’un reflet dont le charme expirant se prolonge,
D’un écho dans lequel le souvenir se plonge,
Jamais tu ne pâlis à l’approche du soir.
Renée Vivien, Cendres et Poussières, 1902

Sylvie Erwan 

Aube incertaine

Kit 18

Kit 18

Aube incertaine

Comme les courtisans près d’un nouveau destin,
Nous attendions ensemble un rayon de l’aurore.
Les songes attardés se poursuivaient encore,
Et tes yeux étaient bleus, — bleus comme le matin.

Déjà je regrettais une douceur passée.
Tes cheveux répandaient une odeur de sommeil.
Dans la crainte de voir éclater le soleil,
Notre nuit s’éloignait, souriante et lassée.

Tel qu’un léger linceul de spectre, le brouillard
Se drapait vaguement avant de disparaître,
Et le ciel était plein d’un immense : Peut-être…
L’aube était incertaine ainsi que ton regard.

Tu semblais deviner mes extases troublées.
Dans l’ombre, je croyais te voir enfin pâlir,
Et j’espérais qu’enfin jaillirait le soupir
De nos cœurs confondus, de nos âmes mêlées.

Nos êtres défaillants frémissaient d’espoir : sourds.
Nous rêvions longuement que c’était l’amour même,
Son immortelle angoisse et son ardeur suprême…
Et le jour s’est levé, comme les autres jours !

Renée Vivien, Études et Préludes

 Sylvie Erwan 

Aux femmes

Kit 6

Kit 6

Aux femmes

S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère,
Si, dans le sentier rude avançant lentement,
Cette âme s’arrêtait à quelque dévouement,
Si c’était la Bonté sous les cieux descendue,
Vers tous les malheureux la main toujours tendue,
Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé,
Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé,
Femmes, enviez-la. Tandis que dans la foule
Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule,
Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
Enviez-la. Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
Que l’homme à son secours incessamment appelle,
Sa joie et son appui, son trésor sous les cieux,
Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
Vers cette arche en danger de la famille humaine,
Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
Enviez-la ! Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
Que l’homme à son secours incessamment appelle,
Sa joie et son espoir, son rayon sous les cieux,
Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
Vers cette arche en danger de la famille humaine,
Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

Paris, 1835

Louise Ackermann, Premières poésies, 1871

Sylvie Erwan 

La coupe du roi de Thulé

Kit 8

Kit 8

La coupe du roi de Thulé

Au vieux roi de Thulé sa maîtresse fidèle
Avait fait en mourant don d’une coupe d’or,
Unique souvenir qu’elle lui laissait d’elle,
Cher et dernier trésor.

Dans ce vase, présent d’une main adorée,
Le pauvre amant dès lors but à chaque festin.
La liqueur en passant par la coupe sacrée
Prenait un goût divin.

Et quand il y portait une lèvre attendrie,
Débordant de son cœur et voilant son regard,
Une larme humectait la paupière flétrie
Du noble et doux vieillard.

Il donna tous ses biens, sentant sa fin prochaine,
Hormis toi, gage aimé de ses amours éteints ;
Mais il n’attendit point que la Mort inhumaine
T’arrachât de ses mains.

Comme pour emporter une dernière ivresse.
Il te vida d’un trait, étouffant ses sanglots,
Puis, de son bras tremblant surmontant la faiblesse»
Te lança dans les flots.

D’un regard déjà trouble il te vit sous les ondes
T’enfoncer lentement pour ne plus remonter :
C’était tout le passé que dans les eaux profondes
Il venait de jeter.

Et son cœur, abîmé dans ses regrets suprêmes,
Subit sans la sentir l’atteinte du trépas.
En sa douleur ses yeux qui s’étaient clos d’eux-mêmes
Ne se rouvrirent pas.

Coupe des souvenirs, qu’une liqueur brûlante
Sous notre lèvre avide emplissait jusqu’au bord,
Qu’en nos derniers banquets d’une main défaillante
Nous soulevons encor,

Vase qui conservais la saveur immortelle
De tout ce qui nous fit rêver, souffrir, aimer.
L’œil qui t’a vu plonger sous la vague éternelle
N’a plus qu’à se fermer.

Louise Ackermann, Premières Poésies, 1871

 

Sylvie Erwan 

La lampe d’Héro

Kit 9

Kit 9

La lampe d’Héro

De son bonheur furtif lorsque malgré l’orage
L’amant d’Héro courait s’enivrer loin du jour,
Et dans la nuit tentait de gagner à la nage
Le bord où l’attendait l’Amour,

Une lampe envoyait, vigilante et fidèle ,
En ce péril vers lui son rayon vacillant;
On eût dit dans les deux quelque étoile immortelle
Qui dévoilait son front tremblant.

La mer a beau mugir et heurter ses rivages.
Les vents au sein des airs déchaîner leur effort,
Lés oiseaux effrayés pousser des cris sauvages .
En voyant approcher la Mort ,

Tant que du haut sommet de la tour solitaire
Brille le signe aimé sur l’abîme en fureur,
Il ne sentira point, le nageur téméraire,
Défaillir son bras ni son cœur.

Comme à l’heure sinistre où la mer en sa rage
Menaçait d’engloutir cet enfant d’Abydos,
Autour de nous dans l’ombre un éternel orage
Fait gronder et bondir les flots.

Remplissant l’air au loin de ses clameurs funèbres,
Chaque vague en passant nous entr’ouvre un tombeau ;
Dans les mêmes dangers et les mêmes ténèbres
Nous avons le même flambeau.

Le pâle et doux rayon tremble encor dans la brume.
Le vent l’assaille en vain, vainement les flots sourds
La dérobent parfois sous un voile d’écume,
La clarté reparaît toujours.

Et nous, les yeux levés vers la lueur lointaine.
Nous fendons pleins d’espoir les vagues en courroux ;
Au bord du gouffre ouvert la lumière incertaine
Semble d’en haut veiller sur nous.

O phare de l’Amour ! qui dans la nuit profonde
Nous guides à travers les écueils d’ici-bas,
Toi que nous voyons luire entre le ciel et l’onde.
Lampe d’Héro, ne t’éteins pas !

Louise Ackermann, Premières Poésies, 1871

 Sylvie Erwan 

Les jungles

Kit 10

Kit 10
Les jungles

Sous l'herbe haute et sèche où le naja vermeil
Dans sa spirale d'or se déroule au soleil,
La bête formidable, habitante des jungles,
S'endort, le ventre en l'air, et dilate ses ongles.
De son mufle marbré qui s'ouvre, un souffle ardent
Fume ; la langue rude et rose va pendant ;
Et sur l'épais poitrail, chaud comme une fournaise,
Passe par intervalle un frémissement d'aise.
Toute rumeur s'éteint autour de son repos.
La panthère aux aguets rampe en arquant le dos ;
Le python musculeux, aux écailles d'agate,
Sous les nopals aigus glisse sa tête plate ;
Et dans l'air où son vol en cercle a flamboyé,
La cantharide vibre autour du roi rayé.
Lui, baigné par la flamme et remuant la queue,
Il dort tout un soleil sous l'immensité bleue.

Mais l'ombre en nappe noire à l'horizon descend,
La fraîcheur de la nuit a refroidi son sang ;
Le vent passe au sommet des herbes ; il s'éveille,
Jette un morne regard au loin, et tend l'oreille.
Le désert est muet. Vers les cours d'eau cachés
Où fleurit le lotus sous les bambous penchés,
Il n'entend point bondir les daims aux jambes grêles,
Ni le troupeau léger des nocturnes gazelles.
Le frisson de la faim creuse son maigre flanc
Hérissé, sur soi-même il tourne en grommelant ;
Contre le sol rugueux il s'étire et se traîne,
Flaire l'étroit sentier qui conduit à la plaine,
Et, se levant dans l'herbe avec un bâillement,
Au travers de la nuit miaule tristement.

Charles-Marie LECONTE DE LISLE1818 - 1894


Sylvie Erwan 

L'habitude

Kit 11

Kit 11


L'habitude
La tranquille habitude aux mains silencieuses
Panse, de jour en jour, nos plus grandes blessures ;
Elle met sur nos coeurs ses bandelettes sûres
Et leur verse sans fin ses huiles oublieuses ;

Les plus nobles chagrins, qui voudraient se défendre,
Désireux de durer pour l'amour qu'ils contiennent,
Sentent le besoin cher et dont ils s'entretiennent
Devenir, malgré eux, moins farouche et plus tendre ;

Et, chaque jour, les mains endormeuses et douces,
Les insensibles mains de la lente Habitude,
Resserrent un peu plus l'étrange quiétude
Où le mal assoupi se soumet et s'émousse ;

Et du même toucher dont elle endort la peine,
Du même frôlement délicat qui repasse
Toujours, elle délustre, elle éteint, elle efface,
Comme un reflet, dans un miroir, sous une haleine,

Les gestes, le sourire et le visage même
Dont la présence était divine et meurtrière ;
Ils pâlissent couverts d'une fine poussière ;
La source des regrets devient voilée et blême.

A chaque heure apaisant la souffrance amollie,
Otant de leur éclat aux voluptés perdues,
Elle rapproche ainsi de ses mains assidues,
Le passé du présent, et les réconcilie ;

La douleur s'amoindrit pour de moindres délices ;
La blessure adoucie et calme se referme ;
Et les hauts désespoirs, qui se voulaient sans terme,
Se sentent lentement changés en cicatrices ;

Et celui qui chérit sa sombre inquiétude.
Qui verserait des pleurs sur sa douleur dissoute,
Plus que tous les tourments et les cris vous redoute,
Silencieuses mains de la lente Habitude.
Auguste ANGELLIER
1848 - 1911 

Sylvie Erwan 

Le faisan doré

Kit automne 2

Kit automne 2

Le faisan doré

Quand le Faisan doré courtise sa femelle,
Et fait, pour l'éblouir, la roue, il étincelle
De feux plus chatoyants qu'un oiseau de vitrail.
Dressant sa huppe d'or, hérissant son camail
Couleur d'aube et zébré de rayures d'ébène,
Gonflant suri plastron rouge ardent, il se promène,
Chaque aile soulevée, en hautaines allures ;
Son plumage s'emplit de lueurs, les marbrures
De son col vert bronzé, l'ourlet d'or de ses pennes,
L'incarnat de son dos, les splendeurs incertaines
De sa queue où des grains serrés de vermillon
Sont alternés avec des traits noirs sur un fond
De riche, somptueuse et lucide améthyste,
Tout s'allume, tout luit...

... Et, sur ces yeux muants de claires pierreries
S'unissant, se brisant en des joailleries
Que sertissent le bronze et l'acier, et l'argent,
Court encore un frisson d'or mobile et changeant,
Qui naît, s'étale, fuit, se rétrécit, tressaille,
Éclate, glisse, meurt, coule, ondule, s'écaille,
S'écarte en lacis d'or, en plaques d'or s'éploie,
Palpite, s'alanguit, se disperse, poudroie,
Et d'un insaisissable et féerique réseau
Enveloppe le corps enflammé de l'oiseau.
Auguste ANGELLIER

Sylvie Erwan 

La Nature à l’Homme

Kit 2

Kit 2

La Nature à l’Homme

Dans tout l’enivrement d’un orgueil sans mesure,
Ébloui des lueurs de ton esprit borné,
Homme, tu m’as crié : « Repose-toi, Nature !
Ton oeuvre est close : je suis né ! »

Quoi ! lorsqu’elle a l’espace et le temps devant elle,
Quand la matière est là sous son doigt créateur,
Elle s’arrêterait, l’ouvrière immortelle,
Dans l’ivresse de son labeur?

Et c’est toi qui serais mes limites dernières ?
L’atome humain pourrait entraver mon essor ?
C’est à cet abrégé de toutes les misères
Qu’aurait tendu mon long effort ?

Non, tu n’es pas mon but, non, tu n’es pas ma borne
A te franchir déjà je songe en te créant ;
Je ne viens pas du fond de l’éternité morne.
Pour n’aboutir qu’à ton néant.

Ne me vois-tu donc pas, sans fatigue et sans trêve,
Remplir l’immensité des oeuvres de mes mains ?
Vers un terme inconnu, mon espoir et mon rêve,
M’élancer par mille chemins,

Appelant, tour à tour patiente ou pressée,
Et jusqu’en mes écarts poursuivant mon dessein,
A la forme, à la vie et même à la pensée
La matière éparse en mon sein ?

J’aspire ! C’est mon cri, fatal, irrésistible.
Pour créer l’univers je n’eus qu’à le jeter ;
L’atome s’en émut dans sa sphère invisible,
L’astre se mit à graviter.

L’éternel mouvement n’est que l’élan des choses
Vers l’idéal sacré qu’entrevoit mon désir ;
Dans le cours ascendant de mes métamorphoses
Je le poursuis sans le saisir ;

Je le demande aux cieux, à l’onde, à l’air fluide,
Aux éléments confus, aux soleils éclatants ;
S’il m’échappe ou résiste à mon étreinte avide,
Je le prendrai des mains du Temps.

Quand j’entasse à la fois naissances, funérailles,
Quand je crée ou détruis avec acharnement,
Que fais-je donc, sinon préparer mes entrailles
Pour ce suprême enfantement ?

Point d’arrêt à mes pas, point de trêve à ma tâche !
Toujours recommencer et toujours repartir.
Mais je n’engendre pas sans fin et sans relâche
Pour le plaisir d’anéantir.

J’ai déjà trop longtemps fait oeuvre de marâtre,
J’ai trop enseveli, j’ai trop exterminé,
Moi qui ne suis au fond que la mère idolâtre
D’un seul enfant qui n’est pas né.

Quand donc pourrai-je enfin, émue et palpitante,
Après tant de travaux et tant d’essais ingrats,
A ce fils de mes voeux et de ma longue attente
Ouvrir éperdument les bras ?

De toute éternité, certitude sublime !
Il est conçu ; mes flancs l’ont senti s’agiter.
L’amour qui couve en moi, l’amour que je comprime
N’attend que Lui pour éclater.

Qu’il apparaisse au jour, et, nourrice en délire,
Je laisse dans mon sein ses regards pénétrer.
– Mais un voile te cache. – Eh bien ! je le déchire :
Me découvrir c’est me livrer.

Surprise dans ses jeux, la Force est asservie.
Il met les Lois au joug. A sa voix, à son gré,
Découvertes enfin, les sources de la Vie
Vont épancher leur flot sacré.

Dans son élan superbe Il t’échappe, ô Matière !
Fatalité, sa main rompt tes anneaux d’airain !
Et je verrai planer dans sa propre lumière
Un être libre et souverain.

Où serez-vous alors, vous qui venez de naître,
Ou qui naîtrez encore, ô multitude, essaim,
Qui, saisis tout à coup du vertige de l’être,
Sortiez en foule de mon sein ?

Dans la mort, dans l’oubli. Sous leurs vagues obscures
Les âges vous auront confondus et roulés,
Ayant fait un berceau pour les races futures
De vos limons accumulés.

Toi-même qui te crois la couronne et le faîte
Du monument divin qui n’est point achevé,
Homme, qui n’es au fond que l’ébauche imparfaite
Du chef-d’oeuvre que j’ai rêvé,

A ton tour, à ton heure, if faut que tu périsses.
Ah ! ton orgueil a beau s’indigner et souffrir,
Tu ne seras jamais dans mes mains créatrices
Que de l’argile à repétrir.

Nice, novembre 1867

Louise Ackermann, Poésies Philosophiques

Sylvie Erwan 

Le Cri

kit 5

kit 5


Le Cri

Lorsque le passager, sur un vaisseau qui sombre,
Entend autour de lui les vagues retentir,
Qu’a perte de regard la mer immense et sombre
Se soulève pour l’engloutir,

Sans espoir de salut et quand le pont s’entr’ouvre,
Parmi les mâts brisés, terrifié, meurtri,
Il redresse son front hors du flot qui le couvre,
Et pousse au large un dernier cri.

Cri vain ! cri déchirant ! L’oiseau qui plane ou passe
Au delà du nuage a frissonné d’horreur,
Et les vents déchaînés hésitent dans l’espace
A l’étouffer sous leur clameur.

Comme ce voyager, en des mers inconnues,
J’erre et vais disparaître au sein des flots hurlants ;
Le gouffre est à mes pieds, sur ma tête les nues
S’amoncellent, la foudre aux flancs.

Les ondes et les cieux autour de leur victime
Luttent d’acharnement, de bruit, d’obscurité ;
En proie à ces conflits, mon vaisseau sur l’abîme
Court sans boussole et démâté.

Mais ce sont d’autres flots, c’est un bien autre orage
Qui livre des combats dans les airs ténébreux ;
La mer est plus profonde et surtout le naufrage
Plus complet et plus désastreux.

Jouet de l’ouragan qui l’emporte et le mène,
Encombré de trésors et d’agrès submergés,
Ce navire perdu, mais c’est la nef humaine,
Et nous sommes les naufragés.

L’équipage affolé manœuvre en vain dans l’ombre ;
L’Épouvante est à bord, le Désespoir, le Deuil ;
Assise au gouvernail, la Fatalité sombre
Le dirige vers un écueil.

Moi, que sans mon aveu l’aveugle Destinée
Embarqua sur l’étrange et frêle bâtiment,
Je ne veux pas non plus, muette et résignée,
Subir mon engloutissement.

Puisque, dans la stupeur des détresses suprêmes,
Mes pâles compagnons restent silencieux,
A ma voix d’enlever ces monceaux d’anathèmes
Qui s’amassent contre les cieux.

Afin qu’elle éclatât d’un jet plus énergique,
J’ai, dans ma résistance à l’assaut des flots noirs,
De tous les cœurs en moi, comme en un centre unique,
Rassemblé tous les désespoirs.

Qu’ils vibrant donc si fort, mes accents intrépides,
Que ces mêmes cieux sourds en tressaillent surpris ;
Les airs n’ont pas besoin, ni les vagues stupides,
Pour frissonner d’avoir compris.

Ah ! c’est un cri sacré que tout cri d’agonie ;
Il proteste, il accuse au moment d’expirer.
Eh bien ! ce cri d’angoisse et d’horreur infinie,
Je l’ai jeté ; je puis sombrer !

Louise Ackermann, Poésies Philosophiques

 

Sylvie Erwan 

Bon week-end et bonne semaine

  Bonjour à tous     C'est avec toute mon amitié que je viens vous souhaiter une bon week-end. u...