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31/10/2024

C'est Halloween

kit 18


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Halloween

 

Quand l’araignée hargneuse,

Aussi frileuse que venimeuse,

Répugnante et effrayante,

Pénètre dans nos foyers

Solitaire et envahissante,

Pour venir se réchauffer

Et y tisser sa toile hideuse

Dans une frénésie teigneuse,

Octobre est là, à notre porte.

Notre imagination s’emporte,

Le noir et l’orange l’emportent

Dans les couleurs que l’on porte

Et les images que l’on colporte.

Les ténèbres s’installent,

Les feuilles mortes détalent,

Tourbillonnent et virevoltent,

Frivoles et désinvoltes,

Dans la folle bourrasque

De la nuit des masques.

Et la pleine lune, qui éclabousse,

Préside l’annuelle grande frousse.

Dès le soleil couchant

Les esprits languissants

Surgissent du néant.

L’air ambiant se refroidit,

L’atmosphère s’alourdit,

Notre cœur s’enhardit

Et flirte avec l’interdit.

Quand la nature est moribonde

Notre humeur vagabonde.

Nous cédons aux tentations,

Au déferlement des passions,

Et bien sûr, comme de raison,

Aux vils excès de la déraison.

Nous rendons grâce à Mammon,

Cet arrogant et triomphal démon,

Avec qui volontiers nous pactisons

Et imprudemment, fraternisons.

Durant une quinzaine

Règne le croque-mitaine.

Partout renait cette peur

Du bonhomme sept-heure.

Peu importe sa dénomination,

C’est certes une abomination

Dont l’inassouvissable obsession

Est d’imposer totale domination.

De la bacchanale de l’horreur,

Quand ultimement sonne l’heure,

Notre fébrile imagination s’affole

Quand l’affreuse sorcière s’envole

Telle une répugnante chauve-souris

Dans le sinistre ciel de la Walpurgis.

Cette répugnante vieille peste

Qui horriblement empeste,

Que l’on fuit et déteste,

Qui perce et dépèce,

Peu importe l’espèce,

Les bêtes capturées,

Afin de les torturer,

Les tuer et les éviscérer,

Pour enfin les incorporer

À l’écœurante concoction,

À cette pestilentielle potion,

Qu’elle touille avec attention

Dans son immonde chaudron.

Le cliquetis des vieux os

Retentit dans les caveaux.

Les squelettes carnassiers

Émergent des charniers.

Quelques-uns se cabrent

Dans une danse macabre

Au son d’une musique

Franchement périmée

Jouée pour un public

Fraîchement exhumé.

Dès que le crépuscule tombe

Dracula sort de sa tombe,

Perçant le voile du mystère

Qui le sépare de la terre

Pour envahir le monde

Où l’hémoglobine abonde.

Il quitte sa Transylvanie

Pour vivre son épiphanie.

Tu ne feras pas de vieux os

S’il te saigne de ses crocs.

L’éther délétère des cimetières

Altère l’air de la terre entière.

L’infect et fétide sol pourri,

Habité de vers qu’il nourrit,

Soudainement s’entrouvre,

Révélant ce qu’il recouvre :

Des corps qui y reposent,

Et qui s’y décomposent.

La nuit de carnage nécessite

Que les momies ressuscitent.

Les antiques sarcophages,

Infestés de nécrophages,

Libèrent donc leurs otages

Qui se livrent aux outrages.

Frankenstein le survolté

Tire sa force de l’électricité.

Il brise facilement ses chaînes

Quand sa colère se déchaîne.

Vite! Écarte-toi de son chemin

Qu’il ne t’étrangle de ses mains.

Dominant le champ de citrouilles

L’épouvantail instille la trouille.

Ses sales oripeaux en lambeaux

Évoquent la glauque décrépitude

Du corps pourrissant en solitude,

Buffet funèbre des vermisseaux.

Vision d’enfer et de damnation,

Qui donne fortement l’impression,

Que pour les corbeaux le survolant,

Il sera momentanément bienveillant,

Mais exceptionnellement intransigeant

Envers les humains désobligeants.

À contempler son énigmatique rictus

On risque un catastrophique infarctus.

Et lorsqu’il descend de son perchoir,

S’en suivent hécatombes et déboires.

De friandises nous faisons amplement provision

Et nous ornons la maison de lugubres décorations.

Méfions-nous néanmoins du redoutable loup-garou

Auquel, hélas, ne résiste strictement aucun verrou.

Tandis que nos petits monstres chéris,

Avides de gâteries et de sucreries,

Arpentent fébrilement les rues,

Inconscients du danger encouru,

Des polissons fantasques,

Accumulent les frasques,

Tours et coups pendables,

Tous gestes condamnables.

La police en a plein les bras

De ces nombreux embarras.

C’est Halloween, que diable!

Trêve pour le marchand de sable,

Car cette veillée finira tard

Et demain sera en retard.

 C’est l’enfer qui mène le bal

Et le mot d’ordre c’est Bélial.

Semons l’effroi et la terreur

Sous notre toit avec ardeur.

Dans l’imaginaire de nos enfants,

Que leurs rêves soient effrayants!

Que Lucifer soit triomphant!

À jamais et dès maintenant.

Si tu croises un chat noir

C’est désormais sans espoir,

Il n’y a aucune échappatoire.

Sur toi le malheur va choir.

Redoute légitimement le pire

Lorsque le rideau se déchire.

La grande faucheuse s’amène

En réclamant ton âme en peine.

Elle quitte brièvement l’au-delà

Pour venir te cueillir ici-bas.

De tes innombrables exactions,

Voici l’inéluctable sanction.

Le soir de l’Halloween, jusqu’à minuit,

Tu fais ce qui suit pour éviter les ennuis.

Observe fidèlement la règle, ou t’es cuit!

Ce ne sont absolument pas des balivernes,

Y’a stricte obligation, pour ta gouverne,

Que longtemps brille ta Jack-o-lanterne,

De crainte que des esprits te surprennent

Et t’entraînent dans l’effroyable Géhenne.

Si tu en es parfaitement conscient,

Tu ne seras pas maudit, innocent!

Après une trêve d’un an,

Ce sera encore le temps

De claquer hystériquement des dents,

À moins que tu ne trépasses prématurément.

Par Daniel Raymond

 

Sylvie Erwan 

Cadres Automne 1