07/02/2025

Campanile d’Hiver

 


Campanile d’Hiver

La vigne endolorie sous le poids des nuages,

Pareille au clapotis des barques enchainées,

Gémit, pleure et s’éteint comme un brasier mouillé

Par la rage du ciel et son gravier d’outrages.

Les lavoirs de soleil et leurs lourds sarcophages

Ruissellent de tumeurs aux couleurs bigarrées,

Comme si leur destin se tissait sous les dès

De gouttes détachées d’un suaire sauvage.

Seule, morne et feutrée, une cloche d’airain

Sonne un glas parfumé d’une douce beauté

Dont le silence boit la mélodie sans fin.

Or la vigne endurcie, comme un oratorio,

Fugue le long de mots brillants de nouveauté,

Que ce poème joue sur un pas d’adagio.

Francis Etienne Sicard, Odalisques, 1975

 

Sylvie Erwan 

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